Les bras croisés


Vous êtes cordialement invités au vernissage public à la
Salle Alec et Gérard Pelletier le 30 mars prochain.
Formule 5 à 7 – Bienvenue à tous – Prestation des artistes à 17 h 30


D’arts et de rêves est fier de réaliser
cette première résidence interdisciplinaire rendue possible
grâce au soutien du Conseil des arts du Canada.


Introduction…

Trois artistes se rencontrent : l’une présente un numéro de cirque contemporain duquel doivent s’inspirer une artiste en arts visuels et une écrivaine pour créer chacune une œuvre.

Ces trois femmes ne se connaissaient pas avant le 1er mars 2018, mais avaient néanmoins accepté de croire et de participer au projet de résidence interdisciplinaire D’Arts et de rêves–Les bras croisés, c’était tout un défi.

Quel est le parcours de ces artistes ? Quelle est leur démarche artistique ?

Dans cette infolettre, on va vous faire découvrir Jinny Jessica Jacinto, arts du cirque contemporain, Muriel Faille, arts visuels, et Caroline Louisseize, arts littéraires.


Nos trois artistes


Jinny Jessica Jacinto

Jinny Jessica Jacinto

Jinny Jessica Jacinto est une femme passionnée et passionnante. Après sa formation professionnelle à l’École nationale de cirque de Montréal, elle a fait carrière au Cirque du Soleil. Elle était l’une des quatre contorsionnistes dans les spectacles Nouvelle Expérience, Fascination et Saltimbanco qui ont tourné en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. En outre, Jinny a travaillé sur d’autres productions du Cirque du Soleil dont Zulu Time avec Robert Lepage et Franco Dragone.

Jinny a participé à de nombreuses productions sur scène au Canada et en Europe dont The Royal Variety performance en présence de la Reine Elizabeth II à Londres, Angleterre (1995), un Hommage à Jean Chrétien à Toronto, Ontario (2003), le Dîner de gala en présence du Prince Philip au Royal Albert Hall à Londres, Angleterre (2004)… Elle a de plus fait du cinéma et de la télévision, et performé sur mer pour le Cirque du Soleil dans le cadre des Celebrity Cruises.

Depuis 1997, Jinny a entrepris une carrière florissante en tant qu’artiste solo. Elle aime partager son expérience dans l’enseignement, l’entraînement et l’assistance à la création de nouvelles productions.

Au début des années 2000, Jinny a obtenu une bourse du Conseil des arts et des lettres (CALQ), ce qui lui a permis de concevoir le numéro qu’elle nous présentera le 30 mars, numéro qui a d’ailleurs déjà été acclamé un peu partout au monde.

Ce sera d’ailleurs la première fois que la Salle Alec et Gérard Pelletier présente un numéro de cirque ! Alors venez voir Jinny performer, en direct; on vous promet un moment magique, fort en émotions, que vous ne serez pas prêt d’oublier…


Muriel Faille

Muriel Faille

Les gens de la région qui connaissent Muriel Faille savent qu’elle a un cheminement fort impressionnant, mariant ses talents de peintre, de graveure et d’éditeure.

Voyez un peu son parcours artistique : études en arts plastiques (bac en 1988) et en arts d’impressions (certificat spécialisé en 1990) de l’Université du Québec à Montréal, conférences, ateliers « Livre d’artiste », commissaire, charges de cours à l’Université de Sherbrooke, membre de jury d’arts, mentorat, et depuis 2003, la création du happening annuel artistique Le Champ de Mauve dans les Cantons de l’Est –et j’en passe…

En 2005, Muriel fut lauréate pour le prix international St-Denys Garneau pour les 28 ans de production et de diffusion du livre d’artiste à travers le Québec et les Maritimes. C’est sans compter la Mention Distinction du Musée des Beaux-Arts de St-Hilaire (2007), Lauréate et Collection du Thomas Moore Institute, Montréal (2005), 1er prix lors du Symposium d’Iberville, Iberville (2001) et du Symposium de Granby, Granby (1999). De nombreuses œuvres de Muriel ont été ajoutées à des collections publiques.

En réalité, Muriel n’a jamais vraiment chômé : elle expose en solo ou contribue à des expositions collectives à presque tous les ans. Cette année sera particulièrement chargée pour Muriel avec ce projet interdisciplinaire, une exposition de gravures à la Galerie Art Plus de Sutton en mai, le Tour des Arts en juillet, Le Champ de Mauve en septembre et une exposition solo à la Galerie Art Plus en octobre, ouf !

Curieux de savoir à quoi ressemble son travail ? Allez consulter son site internet, murielfaille.com; vous y trouverez des photos de ses œuvres des dernières années dont La Traversée des Mondes (2017), De l’air, de la terre, de l’Être (2017), Fragments d’éternité (2015) ou Nature première (2014)…


Caroline Louisseize

Caroline Louisseize

Caroline Louisseize est une femme fascinée par les mots; c’est d’ailleurs notre artiste en résidence, arts littéraires, pour le premier projet interdisciplinaire D’Arts et de rêves.

Notre écrivaine a privilégié des études en lien avec les mots, le piano et la sonorité des mots. Elle étudie présentement la linguistique appliquée à l’étude de la grammaire française à Université du Québec à Montréal (UQAM), un programme court qui a été précédé d’études littéraire au niveau du baccalauréat. Au CÉGEP, Caroline s’est intéressée aux Techniques de la documentation (2002-2005) après avoir complété Arts et lettres, Profil « Création littéraire » au Cégep du Vieux Montréal (1997-1999).

Son parcours professionnel respecte son parcours académique : non seulement écrit-elle—Répliques (2016) et Aura (2013) publié chez Poètes de brousse; Le siège propre (2003) publié chez Triptyque—mais elle écrit également des chroniques cinéma dans Panorama-cinéma. Caroline est aussi Documentaliste à l’École nationale de théâtre du Canada.

Notre écrivaine en résidence a récolté plusieurs honneurs : récipiendaire du Prix Geneviève-Amyot 2017 pour la suite inédite « Tu vois »; deux fois boursière du CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec–2014, 2015); finaliste au Prix des collégiens en poésie (2013) pour « Aura », son deuxième recueil de poésie, puis finaliste au concours intercollégial Critères (littérature) (1999).

Pour découvrir l’écriture de Caroline, continuez la lecture de cette infolettre car vous trouverez plus loin un texte où elle décrit sa démarche artistique. C’est presque envoûtant ! On peut d’ores et déjà imaginer le plaisir que l’on aura à l’écouter le 30 mars lors du vernissage.


Leur démarche artistique


Jinny Jessica Jacinto

Photo : Bruno Berthelet

Jinny Jessica Jacinto

Jinny aime être à l’écoute de ce qui l’entoure; ses sources d’inspiration sont surtout la musique, les images et les textes, quoique tout dans son quotidien l’émerveille.

Quand Jinny entend une musique qui l’inspire, elle voit du mouvement. Si elle se sent en mode création, elle joue cette musique et laisse son corps guider ses mouvements. Ses chorégraphies sont filmées car si l’artiste visuelle peut voir son œuvre prendre forme et l’écrivaine relire ses mots, Jinny ne peut se revoir bouger : alors d’abord la musique, puis les mouvements, ensuite elle visionne ce qu’elle a dansé, identifie ce qui l’allume et reprend ce qu’elle a particulièrement aimé… Tous ces moments de création sont captés car c’est la répétition, le visionnement, l’analyse, la reprise, les modifications, les ajouts, et le recommencement qui sont pour elle l’équivalent du « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ».

Ses créations, lorsqu’elle était plus jeune, relevaient vraiment de la performance technique qui laissait ses spectateurs surpris, épatés, ébahis… elle recherchait et obtenait sans contredit le « wow !».

Puis avec le temps, la maternité et l’expérience de la vie… son corps a changé. Jinny a néanmoins continué à créer et à performer, mais a sciemment choisi d’aller vers le senti, vers l’émotion. Ceux qui ont le plaisir de la voir à l’œuvre aujourd’hui n’émettent peut-être plus ce « wow » d’antan, mais se retrouvent plutôt silencieux, admiratifs, médusés devant l’émotion dont ils ont été témoin et face à celle qu’ils ressentent.

Pour maintenir son esprit créatif en éveil, Jinny a constamment besoin de se nourrir, de se consacrer du temps, de méditer, de s’entourer des gens qu’elle aime—ses enfants, son conjoint, sa famille, ses amis…

Jinny espère aussi que ce projet de résidence interdisciplinaire, Les bras croisés, la nourrira en lui permettant à son tour de s’inspirer des œuvres des deux artistes en résidence–arts visuels et arts littéraires.

Un souhait de la part de Jinny ? Vivre un jour une résidence à D’Arts et de rêves où elle pourra à son tour se consacrer à un projet de son choix…


Muriel Faille

Muriel Faille

Muriel Faille décrit ainsi son cheminement (murielfaille.com) :

Bien que ma démarche soit inspirée de mon environnement, elle interpelle néanmoins la philosophie et la psyché. Elle laisse entrevoir une communication du visible à l’invisible, questionne les grands rythmes de l’univers par des jeux de transparence et d’opacité, de perspectives de lumière.

Partant d’une réalité concrète, ma recherche questionne d’autres réalités, d’autres univers. Des moments où l’être de chair emprisonne l’âme à la vue des choses matérielles afin de céder le pas à une vue des mystères cachés sous les apparences.

Je dessine et je peins sur la toile, la peau et le bois en très petit et en plus grand pour vérifier le grain de la vie et de l’intimité des choses. Ce rapport d’intimité dévoile une inscription de l’être. J’essaie de voir l’insaisissable dans la matière et l’ensemble des formes, relation analogique de l’humain avec la grande nature, relation du caché qui est tout…

Ainsi j’ai la certitude profonde de communiquer avec quelque chose de réel, d’autrement réel. Cette activité laisse supposer la présence de l’absence.

Mes œuvres donnent à voir ce parcours où la vie s’engendre à des forces telluriques et cosmiques ainsi qu’à une atmosphère qui respire le ciel et la terre. Je touche ainsi à la grandeur et à la fragilité de notre nature dans la portée d’un monde.


Caroline Louisseize

Caroline Louisseize

Caroline Louisseize nous a fait parvenir un texte que l’on a choisi de publier tel quel :

Je suis mal à l’aise de parler de ma démarche et de la réduire en mots, même si, sans donner trop de clés, cela peut être intéressant de savoir comment je travaille… En fait j’aime ça quand le lecteur est en quelque sorte vierge devant mon écriture. J’aime m’adresser à l’intelligence brute. J’aime que le lecteur ait un rush d’images, de sensations, et que l’irrationalité le déstabilise, le touche sans qu’il ne puisse se l’expliquer nécessairement au premier abord. Je n’aime pas tout dire. J’aime suggérer. J’aime jouer.

J’aime utiliser le langage aussi, l’approcher à la manière de l’artisan (ou l’artiste) avec son matériau. J’aime choisir le bon mot, tailler les vers, créer des effets de sens, jouer avec la calligraphie, faire des liens avec d’autres langues, faire des correspondances lexicales (en période de création je dresse des tableaux, des graphiques, des listes de mots), des effets de style particuliers pour servir le propos. En quelque part je bricole mes poèmes, mes écrits.

J’aime jouer en écrivant, et pourtant l’écriture est ancrée en moi comme un moyen d’expression essentiel. J’ai eu ma première dactylo en maternelle. J’écris pour ainsi dire depuis que j’ai pu le faire.

Dans mes écrits je parle principalement de cohabitation, de l’adaptation, d’apprentissage, de la vie avec soi et avec les autres. C’est vaste, je sais, probablement pas très original dit comme ça. Chaque livre me surprend moi-même. Je parle beaucoup du corps aussi, en relation avec son environnement, en relation avec les êtres vivants, la maladie, les lieux, le temps, et même les fantômes. Je crois aux fantômes. Je tente d’attraper un peu d’inexplicable aussi. J’ai grandi avec beaucoup d’inexplicable.

J’écris sur le bord du sommeil. J’écris en marchant, pour trouver le bon rythme. J’écris de mémoire, ou alors je me garroche sur la page comme une sauvage. Je corrige, je corrige, je corrige. Sur une journée d’écriture il y a l’équivalent de plusieurs mois de révision, en règle générale.

Je suis coquette. Le choix des mots est primordial.

La création d’effets surprenants et étranges, chez le lecteur est importante aussi. De lui dire des choses très concrètes et très humaines (vécues), mais transformées dans le langage de l’imaginaire, des rêves, des souvenirs.

Il y a probablement l’influence de la musique aussi. Jouer du piano me sort du travail trop cérébral, me replonge dans le corps. La musique joue un grand rôle dans le développement des vers, ou même en prose. Il faut que le rythme et la mélodie du texte soient naturelles, coulent de source, que le vers reste accroché, qu’il « fitte » dans mon oreille, que je puisse le dire à haute voix sans l’écorcher.

Je lis beaucoup, aussi. Quand je suis sur un projet, je rapatrie toutes mes inspirations dans un lieu physique, je les re-consulte, je deviens en état d’ouverture, je découvre plein d’autres livres, films, œuvres d’art de toutes sortes traitant de mon sujet, pouvant l’alimenter de près ou de loin.

Et j’écris toujours. J’écris beaucoup plus que ce qui importe. J’écris un journal, j’écris des tonnes de projets en chantiers. Je gaspille des tonnes de pages. J’écris comme je respire, j’écris pour respirer. Pour faire de la place à ce qui me transcende, à ce que je ne comprends pas tout à fait et qui me fait plonger dans l’exploration créative de la condition humaine.

Bref, j’écris par curiosité.


À mi-parcours, où en sont
nos deux artistes en résidence…


Puis deux semaines après le début du projet de résidence interdisciplinaire (soit le 16 mars), on est allé visiter Muriel et Caroline au 57, rue Principale Nord.

Comment vivaient-elles l’expérience de ce projet, quelle était leur démarche suite au sujet imposé, à savoir le numéro de cirque contemporain que leur avait offert Jinny Jessica Jacinto le 2 mars ?

Muriel Faille nous invite dans son petit atelier de la résidence D’Arts et de rêves, là où elle crée presque tous les jours depuis le début du mois. Muriel nous confie que le hasard fait bien les choses puisque le numéro de Jinny, voire ce qu’elle en a perçu comme thème, se marie plutôt bien avec sa démarche et les thèmes abordés dans sa création. Elle a donc amené cette résonnance dans son monde, s’y est collée et l’exprime de multiples façons. Muriel qui porte une grande attention aux matériaux, les a choisis avec soin pour exprimer tout ce qui doit l’être, pour cette « traversée des mondes ». Comment une artiste du coin qui habite la campagne vit-elle une résidence à Sutton ? Muriel dit qu’elle apprécie venir travailler dans ce petit atelier qui lui donne une vue sur la montagne, différente de celle de son atelier, montagne qui l’accompagne dans son travail. Créer dans un petit espace a aussi un impact important, celui d’appeler l’intimité, sa création en est donc imprégnée. Muriel travaille assidument avec passion pour arriver à tout exprimer cette résonnance. Elle fait confiance au temps, fait confiance pour trouver tous les comment pour livrer le fruit de sa résidence le 30 mars prochain. Le petit atelier est bien rempli, bouillonne de création, d’une façon très sereine. Nous y avons vu de vrais trésors que vous prendrez aussi plaisir à découvrir lors du vernissage.

Caroline Louisseize nous avait déjà écrit (le 13 mars) pour nous parler de son cheminement par rapport au défi proposé…

Dans le cadre de la résidence, j’écris sans arrêt. Sur un mode qui ne tolère aucune censure. Il y a donc beaucoup de matériel sur mes pages qui ne seront pas dans le résultat final.

Pour ce dernier, je me suis inspirée du numéro de Jinny Jacinto, j’ai écrit quelques impressions, des mots, des thèmes, des textures, des couleurs, dans mon carnet de notes, et j’ai recopié ces mots, j’en ai fait une sorte de tableau que j’ai affiché dans la résidence. Je m’y réfère et je l’alimente.

Ma première semaine a été une semaine d’abondance. J’ai affiché beaucoup de choses. Avec les grandes fenêtres, je me sentais moi aussi sur une scène. La deuxième semaine (avec les rideaux, et clouée au lit), tout s’est déposé, comme dans un snowglobe, et j’ai commencé à faire des liens entre tous ces mots, réflexion autour du thème de la contagion, justement et ironiquement, trouver des thèmes centraux à explorer, des images intéressantes pour me guider.

Puis quand nous l’avons rencontrée, Caroline nous a raconté ces dernières journées… Elle nous a montré son carnet auquel elle ajoute constamment des notes; elle est habitée par ce projet, elle y pense constamment. Puis elle écrit des « carnets de Sutton » qui témoignent de ses impressions, de ses réflexions, de son cheminement, de ses découvertes… Elle avait récemment fait de la prose, puis ce matin, elle a nous a confié avoir composé un poème, un portrait. Ce fut une découverte pour elle, nous dit-elle; elle en était contente. Peut-être est-ce la direction de ce qu’elle nous dévoilera au vernissage, à suivre…